La marchandisation se produit lorsque quelque chose est traité comme une marchandise - achetée, vendue ou échangée. Ce concept, en particulier en ce qui concerne le corps humain et ses parties, a souvent des connotations négatives. C'est pourquoi les gens craignent que les transactions des biobanques n'aboutissent à une marchandisation. Mais cette inquiétude est-elle justifiée ?

La structure d'une biobanque, qu'elle soit à but lucratif ou non, peut avoir une incidence sur les préoccupations relatives à la marchandisation. Les organisations à but non lucratif ont souvent pour priorité de faire avancer la science, tandis que les entreprises commerciales peuvent vendre ou concéder des échantillons à des fins lucratives. Lorsque la recherche du profit domine, le risque de marchandisation des échantillons est plus élevé, surtout si les droits des donneurs sont négligés.

Cette question revêt une importance particulière lorsque l'on considère la fourniture d'échantillons cliniques aux industries biotechnologiques et pharmaceutiques. Il est essentiel que ces entreprises aient accès à des échantillons biologiques afin de pouvoir développer de nouvelles thérapies, des diagnostics et des vaccins. Toutefois, les préoccupations liées à la marchandisation peuvent décourager certaines biobanques de fournir des échantillons cliniques aux entreprises.

 

Inquiétudes concernant la marchandisation

Steven Wilkinson explore cette question dans son article de 2005, Recherche biomédicale et exploitation commerciale des tissus humains. Il affirme que si les corps et les parties du corps sont effectivement des objets, ce ne sont pas des objets ordinaires. Leur valeur va au-delà des objets quotidiens tels que les boîtes de fèves au lard ou les morceaux de charbon. Les échantillons de tissus sont profondément liés à l'identité d'une personne. Ils contiennent des informations génétiques et peuvent avoir une signification culturelle ou religieuse. Les traiter comme de simples objets ne tient pas compte de ce lien et transforme l'échantillon en marchandise.

Wilkinson s'interroge : Que signifie traiter un échantillon de tissu comme s'il n'était pas lié à une personne ? Il identifie deux manières principales : (a) utiliser l'échantillon sans consentement valable, ou (b) en faire quelque chose qui nuit à la personne. Ces scénarios illustrent la signification de la marchandisation dans le contexte des biobanques.

Compte tenu de ces préoccupations, existe-t-il un risque réel que les transactions commerciales portant sur des échantillons biologiques humains conduisent à de tels préjudices ?

 

Justification des préoccupations

Ces préoccupations sont sérieuses, mais leur validité dépend de la manière dont les pratiques en matière de biobanques sont réglementées. Plusieurs facteurs peuvent réduire ou augmenter le risque de marchandisation :

Réglementation et gouvernance: Dans les pays ou les institutions qui appliquent des règles éthiques strictes, les échantillons des biobanques sont généralement donnés volontairement et utilisés dans l'intérêt du public. De plus, des politiques claires en matière de propriété, d'utilisation et de compensation réduisent le risque d'exploitation et de déshumanisation.

Consentement éclairé: Un processus de consentement éclairé solide garantit que les donneurs comprennent comment leurs échantillons seront utilisés. Le maintien de la traçabilité tout au long de la vie de l'échantillon est essentiel. Cette pratique garantit que les échantillons sont toujours utilisés conformément au consentement du donneur et aux décisions des comités d'examen institutionnels (CEI). Cela réduit le risque de banalisation des échantillons.

Organismes à but non lucratif et organismes à but lucratif: Le fait qu'une biobanque soit à but non lucratif ou à but lucratif peut influer sur les préoccupations relatives à la marchandisation. Les organisations à but non lucratif se concentrent souvent sur l'avancement de la science, tandis que les entreprises commerciales peuvent vendre ou concéder des échantillons à des fins lucratives. Lorsque la recherche du profit domine, le risque de marchandisation augmente, surtout si les droits des donneurs sont ignorés.

Propriété intellectuelle: Les échantillons de biobanques peuvent déboucher sur des inventions précieuses ou des thérapies brevetées. Si les échantillons eux-mêmes ne sont pas directement commercialisables, les produits qui en résultent peuvent générer d'importants bénéfices financiers, qui peuvent ou non profiter aux donneurs ou au grand public.

Conclusion

Les inquiétudes concernant la marchandisation des biobanques sont en partie justifiées, en particulier lorsque la recherche du profit prévaut ou que les droits des donneurs sont mal protégés. Pour répondre à cette préoccupation, les biobanques doivent respecter la dignité humaine, préserver l'autonomie des donneurs et se concentrer sur les avantages pour la société plutôt que sur la commercialisation pure et simple. Des mesures de protection strictes, telles que le consentement éclairé et la surveillance des IRB, constituent des garanties essentielles contre la marchandisation des échantillons biologiques humains.

 

Références

Wilkinson, S. Recherche biomédicale et exploitation commerciale des tissus humains. Sciences de la vie et politique sociale 1, 27 (2005). https://doi.org/10.1186/1746-5354-1-1-27

Biosample Hub logo

 La plateforme Biosample Hub permet aux entreprises biotechnologiques et pharmaceutiques d'accéder à des échantillons et à des données cliniques fiables.

fr_FRFrench